AgroBourse 360 SI une plateforme de Trading en Agroalimentaire africaine

Le secteur agricole en Tunisie contribue à hauteur de 12% du PIB, emploie 16 % de la population active et représente 11 % des exportations nationales.

Et malgré son importance, le secteur agricole tunisien souffre de plusieurs maux. A cause de la fragmentation qui le caractérise, l’agriculteur, l’intervenant central du secteur se trouve lésé. Un manque d’échange d’informations entre pays induit que le commerce intra régional en Afrique demeure plus faible que dans les autres régions du monde. À l’heure actuelle, le commerce intra-africain ne représente que 12 % du commerce du continent.

Les experts de l’équipe Recherche et Développement (RD) d’Altiad ont pointé du doigt plusieurs problèmes contraignants du secteur. Et c’est en  faisant une rotation à 360 degrés autour des besoins de l’agriculteur qu’est né le projet AgroBourse 360 ; une salle des marchés pour produits agricoles.

Certes, le concept n’est pas nouveau. Trente ans après avoir connu la pire famine de ce siècle, l’Ethiopie s’est lancé dans la digitalisation de son secteur agricole. Avec l’aide de  l’Ethiopian Commodity Exchange (ECX), une bourse de matières premières, ce pays revient de loin; il  devient le  premier producteur africain de café et le troisième fournisseur mondial d’arabica.

Malgré le succès incontestable des bourses de marchandises, l’Afrique souffre encore d’un manque de structure au niveau des échanges d’informations et des produits agricoles.  AgroBourse 360 sera la première salle des marchés digitale des produits agricoles en Afrique du Nord.

Un trading optimisé

La plupart des agriculteurs tunisiens ne peuvent avoir accès aux informations de la potentielle demande de leurs produits, ou encore des prix du marché. Ces exploitants essayent de s’en sortir sans pourtant avoir la certitude que toutes leurs productions soient écoulées, et leur avenir dépend de beaucoup des commerçants de proximité. En outre, la plupart acceptent de vendre leur surplus de production à des prix dérisoires.

Avec AgroBourse, ces agriculteurs pourront connaître  la demande prévisionnelle nationale ou internationale. La centralisation des données du marché leur offrira une véritable visibilité sur la demande prévisionnelle à laquelle ils pourront répondre et les protègera ainsi des coûts de surplus de production auxquels ils devront faire face. Une connaissance parfaite des prix leur sera possible grâce à la cotation de leur produit qu’ils pourront recevoir en temps réel. Les membres de l’équipe RD d’Altiad  accordent une importance particulière au développement d’applications mobiles, et travaillent sur la mise en place d’un modèle économique qui permettra à l’agriculteur de recevoir instantanément les prix en vigueur sur le marché. En assurant la connexion des différents intervenants, la plateforme garantira la fluidité et la transparence qui manquent aux transactions de ce marché.

Un coup de pouce à l’exportation

Cette bourse agricole peut entrainer un véritable élan à l’exportation.  En 2017, la Tunisie a connu une production d’orange s’élevant à 550000 tonnes contre 380 000 tonnes durant la saison précédente. Le surplus a été difficile à gérer et n’a pu être exporté. Le manque de connaissance de la demande extérieure prévisionnelle a engendré d’importantes pertes.  Désormais, chaque pays pourra rassembler l’offre agricole jusque-là éparpillée et mieux faire face à la demande nationale et internationale. Avec la présence des intervenants internationaux sur une même plateforme, AgroBourse 360 garantira des transactions internationales plus fluides, renforcera les échanges commerciaux et offrira un véritable potentiel d’exportation entre pays africains. La traçabilité des flux de marchandises et une parfaite transparence de la chaine logistique seront favorable à la réputation des produits africains et leur exportation.

Une solution au système de transport agricole africain inefficace

Le succès de commercialisation des produits agricoles est fortement influencé par la performance des services de transport. En Afrique, ces services sont peu fréquents, et souffre de lenteur et de faible capacité de stockage. S’ajoute à cela une logistique quelque peu surprenante : certaines marchandises produites en Afrique sont acheminées vers l’Europe pour finalement être vendues en Afrique. Ces coûts ont un impact direct sur le prix de commercialisation du produit. Désormais, une base de données de transporteurs avec leurs types de véhicules et leurs capacités permet d’associer à chaque deal ou package deal un service de transport optimal. Avec la centralisation des offres,  les Traders choisissent les véhicules appropriés au parcours de la marchandise et négocient les prix  des services.  Les coûts de transport sont minimisés et la chaine logistique optimisée.

AgroBourse, créatrice d’emplois

En  2015, la Banque Mondiale accorde au secteur agricole du Sénégal 30 milliards de francs CfA et 100 millions de dollars au Congo en 2017. Aussi, dans le cadre du Projet de d’Amélioration de la Productivité Agricole par la Conservation des Eaux et des Sols (PACES), l’Allemagne décide d’octroyer en 2017 6,5 milliards de Fcfa au Burkina Faso. Ces nombreux fonds injectés dans le secteur agricole en Afrique constituent une source importante de création d’emplois. Grâce à AgroBourse, la Tunisie peut participer à la satisfaction de cette demande d’expertise et favoriser ainsi une création d’emplois nationale. La plateforme constitue une véritable opportunité d’échange d’expertise, de compétence, et de création d’emplois.

Le projet est ambitieux, et l’importance des répercussions attendues suscite l’intérêt d’importants acteurs du marché :  Sadira (un des principaux exportateurs de fruits tunisiens), Filahatouna, la Banque Africaine de Développement (BAD), Business France, l’Agence Française de Développement, etc.

La réussite de ce projet ne peut être totale sans l’implication du gouvernement. A ce jour, Altiad bénéficie d’un appui considérable des Ministères du Commerce, de l’Agriculture, du Transport, des Affaires Etrangères, des Finances, du ministère de l’Intérieur, et de la Banque Centrale.

Yassine GRISSA Directeur Associé Altiad & Faten Jabeur Consultant SI Altiad Tunisie